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La
lettre la plus ancienne est datée du 8 octobre 1863. |
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………..Je
viens, Monsieur l'Inspecteur, à mains jointes vous rappeler la mauvaise
position dans laquelle je me trouve être réduite au trop juste
nécessaire, étant âgée de 59 ans en ayant passé 49 dans une fonction
si pénible de l'enseignement: j'en épuise ma santé, mes forces à un
tel pont que je ne puis me livrer à aucun autre genre de travail; pendant
ce laps de temps, il n'est jamais parvenu de plainte contre moi à
l'autorité, ainsi que le prouvent les notes de Ms les Inspecteurs. Ils
ont au contraire tous été satisfaits de ma petite école: plusieurs ont
été touchés de ma position et ont plaint la pauvreté de notre commune
qui ne pouvait pas me venir en aide: il n'est pas jusqu'à M. l'Inspecteur
d'arrondissement qui a été touché de ma position; le 29 du mois
dernier, ce magistrat inspectait dans notre localité et il fut très
touché de l'état de détresse où je suis réduite et il adit à Ms le
Curé et Maire que c'était trop fâcheux que je ne puisse être
retraitée après avoir sacrifié ma jeunesse dans l'enseignement: ce bon
Père m'engagea à continuer le bien, me faisant espérer que la
providence viendrait à mon secours? Encouragée par ses exhortations, je
viens, Monsieur l'Inspecteur, me ranger sous votre aile protectrice et
vous demander en grâce de vouloir bien dans votre bonté, me compter au
nombre des institutrices qui reçoivent des secours en 1864……. |
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La lettre est cosignée par le maire de l'époque (voir document). Malgré son style inimitable et le soutien du maire, cette demande n'eut guère d'effet puisque nous retrouvons 9 ans plus tard, en 1872, la même Melle Laurand à la tête de l'école libre de filles. |
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Le 31 juillet 1868, frère Appolone, de son nom Jean Dallière, instituteur public ( à l'époque, les écoles publiques pouvaient être dirigées par des religieux), annonce à l'Inspecteur Primaire, M. Gavon, que l'école publique située dans l'ancien presbytère, menace d'effondrement. Même s'il exagère un peu la situation (ce qui n'est d'ailleurs pas prouvé), frère Appolone nous fournit de nombreux renseignements sur les effectifs (130 garçons fréquentent l'école en hiver), les crédits, l'état des classes (65 élèves par classe de moins de 50 m2!!!) et des logements. En voici de larges extraits: |
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Voici
les renseignements que vous demandez. C'est par oubli que je ne vous les
ai pas envoyés plus tôt. 1 La maison d'école est la propriété de la
commune, c'est le presbytère que M le curé a cédé moyennant un loyer
annuel de 100 francs. Je
crois, Monsieur l'Inspecteur, qu'il est nécessaire et j'ose dire
indispensable que vous sachiez que le local menace ruine. Les murs sont
remplis de lézardes aux quatre façades, elles s'élargissent et se
multiplient considérablement, il y a urgence d'y apporter remède avant
l'hiver prochain.
Je profite de cette lettre pour vous prier, Monsieur, de me laisser
continuer mon école jusqu'aux derniers jours du mois d'août, époque à
laquelle aura lieu la sortie de mes élèves, et m'autoriser à fixer leur
rentrée au 5 octobre. |
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J'ai
chargé hier le courrier du Mayet à Lapalisse de prendre les livres que
vous m'avez annoncés. Recevez, Monsieur l'Inspecteur, mes sincères
remerciements pour cet envoi……….. |
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Au reçu de cette lettre, l'Inspecteur Gavon la transmet à l'Inspecteur d'Académie qui charge ledit Gavon d'enquêter à Laprugne. Voici le résultat de son enquête, transmis à l'Académie: |
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Le
danger de voir la maison d'école s'écrouler à Laprugne n'est pas tout
à fait aussi grand que le laissait présumer la lettre du frère
directeur. |
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Toutefois,
il est à désirer que ces murs soient consolidés le plus tôt
possible. |
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Tombera,
tombera pas? Difficile à
dire tant la réponse de ce brave inspecteur fleure bon la langue de bois:
aucun danger, mais il faut consolider très vite, et même construire une
école neuve pour soutenir les "ruines". |
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