Histoire de la chapelle Sainte Madeleine de la Chalme*
* chalme dérive du bas-latin calmis, lui-même dérivé du celte kal (qui signifiait pierre, rocher, hauteur dénudée) ce qui correspondait parfaitement à l'emplacement de ladite chapelle, avant que les plantations de sapins n'envahissent la région.

On trouve trace du prieuré Sainte-Madeleine de la Chalme (ou Sainte-Madeleine  des Bois) dès le 12 ème siècle. Il dépendait alors de l'abbaye d'Ainay (au nord de Lyon).

Un prieuré est une communauté religieuse placée sous l'autorité d'un prieur. Un prieur, ce n'est pas quelqu'un qui prie, mais qui dirige, qui est "premier" (du latin prior). Lorsque le prieuré était très éloigné de tout, l'abbé y envoyait un religieux qui y élevait un oratoire (une petite chapelle), célébrait la messe et faisait valoir le domaine pour le compte de l'abbé. C'est ce qui se passa pour la petite chapelle de la Madeleine, si isolée de tout que la communauté religieuse s'y résumait à une seule personne.

Comme beaucoup d'édifices religieux construits à l'emplacement de monuments celtiques et païens, on peut supposer que la source qui coule à cet endroit était déjà vénérée du temps des gaulois.

  Dès le 14 ème siècle, le pèlerinage à Sainte-Madeleine du 22 juillet attire des foules nombreuses, venues d'Arcon, Laprugne, Cherier, Saint-Nicolas, Saint-Just….
Mais en 1592 et 1593, durant les guerres de religions, la chapelle et le presbytère sont dévastés par les protestants.
En 1600, sous la pression des gens des environs, le prieur d'Ainay décide de faire reconstruire la chapelle, chose faite en 1602. Mais la pénurie de prêtres (déjà!) fait qu'à partir de cette date, ce n'est plus un religieux mais un ermite laïc qui habitera sur place et aura en charge la chapelle. Le plus connu fut Jehan l'Ermite (voir texte de Jehan des Molières) qui fut assassiné en 1681, vraisemblablement par le nommé Dode, prugnard de naissance, bûcheron de son état et sûrement colérique de caractère…

Les services religieux devaient y être réguliers en été (dimanches et fêtes) et très aléatoires en hiver (seuls étaient présents quelques bûcherons et sabotiers)

Au 17ème et 18ème siècle, les pèlerinages à la Madeleine rassemblent une foule importante puisqu'on y louait durant plusieurs jours des places aux marchands et aux cabaretiers qui venaient s'installer autour de la chapelle. D'ailleurs, en 1618, un garçon de 14 ans de Saint-Just mourut étouffé dans la cohue du pèlerinage.

A l'époque, fêtes religieuses et foires étaient intimement liées. La fête de Sainte-Madeleine du 22 juillet se prolongeait jusqu'à la Saint-Jacques du 25 juillet, soit 4 jours (et 4 nuits!) de foires et processions.

  Dès 1628, soit 25 ans seulement après leur construction, les bâtiments (chapelle et presbytère) menacent ruine et sont restaurés.
En 1679, les murs sont surélevés et le sol dallé.
En 1731, le campanile et sa cloche de 25 livres s'effondrent en tuant un pèlerin. L'église semble à cette époque tellement vétuste que les pèlerins préfèrent prier à l'extérieur plutôt qu'à l'intérieur!
En 1739, la voûte du chœur est consolidée.
En 1748, les murs de la chapelle et de l'ermitage sont renforcés.

Deux événements vont contribuer à supprimer les pèlerinages à Sainte-Madeleine et du même coup à faire disparaître la chapelle: la suppression par l'archevêque de Lyon de la procession de la Saint-Jacques en 1740, puis la suppression de la procession de Sainte-Madeleine en 1761 "à cause des désordres qui s'y commettaient aux jours des importantes assemblées".

Par la suite, la chapelle tomba en ruines et beaucoup de pierres furent descendues à Arcon pour y réparer l'église. D'autres ont été utilisées par les habitants des fermes voisines.

La chapelle a donc disparu et nous n'en possédons aucune image ni dessin.

Il y avait jadis devant elle une "pierre à 5 trous" qui était censée marquer le point de rencontre des 5 chemins des 5 paroisses (Cherier, La Prugne, Saint-Nicolas, Les Noës et Saint André). Cette pierre a disparu, peut-être utilisée dans la construction du relais de chasse ou de la ferme de Roche-Taillée, eux-mêmes en ruines.

Selon le docteur Noëlas, les dimensions de la chapelle auraient été de 20 m sur 10m (ce qui semble excessif).
Selon d'autres, la chapelle ne mesurerait que 8m sur 2.30m.
Les fouilles de 1953 n'ont pas permis de trancher.

Mais il semblerait que la chapelle disparue pourrait ressembler aux nombreuses petites chapelles avoisinantes de cette époque,  comme par exemple la chapelle Saint-Roch à l'entrée de Cervières (avec le campanile en plus).

 

Pour en savoir plus, reportez-vous à l'article: "Mais où est donc passée la Chapelle Sainte-Madeleine?"

La statue mystérieuse

Une statue en bois polychrome datée du 16ème siècle et conservée au musée Déchelette à Roanne attire l'attention du visiteur.

Le vase de parfum qu'elle tient à la main indique que nous sommes en présence de Marie-Madeleine, statue très rare à l'époque dans notre région, le culte voué à la sainte y étant peu développé.

A la base du socle est fixée une plaque métallique portant l'ouverture horizontale d'un tronc (une statue destinée donc à recevoir des offrandes).

ll s'agit vraisemblablement de la statue qui ornait la chapelle disparue.

Pour tout savoir sur cette fameuse chapelle, reportez-vous aux articles publiés par l'abbé Jean Canard dans l'Essor du Roannais entre mars et mai 1976, ou au livre publié par le même auteur : 
La Madeleine de la Chalme, aux éditions Artisanat du pays d'Urfé

ACCUEIL                                            TEXTES HISTORIQUES