LAPRUGNE DANS LA PRESSE REGIONALE

LA TRIBUNE- LE PROGRES du 24 mai 1974

LAPRUGNE:

LES INCERTITUDES D'AVENIR D'UNE COMMUNE DONT LE DESTIN EST Lié à l'uranium

Pour faire face à des problèmes un peu plus difficiles qu'ailleurs, la commune de Laprugne s'est donné un maire jeune en mars 1971. M. Fernand Martin, instituteur, est un homme avenant et simple, qui ne dissimule pas les difficultés de sa tâche."Il faut aimer ça, dit-il en parlant de son "métier" de maire, car cela demande beaucoup de temps et d'efforts. Heureusement que les habitants du village et le conseil municipal font tout pour m'aider…" 

On peut sans peine deviner la préoccupation essentielle du maire: les mines d'uranium. La prospérité de la commune est, si l'on peut dire, en sursis. Le jour où les mines fermeront, bien des choses seront remises en question car une centaine de familles environ quitteront le pays. Dans les années 50, la venue des géologues puis des ingénieurs au Commissariat à l'Energie Atomique avait autorisé les plus grands espoirs.

M. Martin, maire de la commune

Ils se  confirmaient avec l'arrivée, en 1958, des familles de mineurs et de techniciens. Brusquement, la population, forte de 931 habitants, est passée à 1415 personnes. Des blocs d'immeubles neufs étaient aménagés par le CEA par l'intermédiaire de la Société commerciale immobilière de la Caisse des dépôtsEt puis le temps a passé. Aujourd'hui, on vit les dernières années d'exploitation du gisement. Dans combien de temps les mines fermeront-elles? On ne le sait pas au juste. A un certain moment, on parlait de 1878, maintenant, on garde bon espoIr jusqu'en 1980. La crise de l'énergie va-t-elle prolonger le délai, en incitant à exploiter le minerai à faible teneur, jusqu'ici laissé de côté?

Et la source Charrier?

Un autre problème économique se pose à Laprugne: celui de la source Charrier. Tout le monde se souvient de la grande campagne publicitaire "Bébé aime Charrier" qui provoqua un procès de la part de Brigitte Bardot, car elle intervenait au moment où la vedette quittait Jacques Charrier.

A cette époque, l'eau de Charrier était commercialisée dans toute la France et les médecins la prescrivaient pour les bébés. Que s'est-il passé? Un puissant groupe a racheté la source et semble en ralentir la production, sans doute pour ne pas gêner la commercialisation des autres eaux de la même maison, ou bien à la suite d'accords entre concurrents.

Du côté des responsables de la source, on a tendance à  dire que l'eau se vend mal. Ce à quoi les élus locaux et les habitants du cru rétorquent: "Pour qu'elle se vende, il faudrait qu'on la trouve en vente. Or elle se fait de plus en plus rare dans les épiceries et sur les rayons des supermarchés."

"Et pendant ce temps-là, nous dit M. Martin, l'eau de Charrier se perd dans le Sichon* car on ne peut arrêter la source…"

*NOTE DE L'AUTEUR *en réalité la source se jette dans la Besbre

Cette situation que nous ne pouvons juger dans toute son ampleur, faute de connaître tous les éléments du dossier et notamment l'avis des responsables parisiens du groupe Perrier (car c'est de lui qu'il s'agit) semble préjudiciable à la commune. Non seulement elle ne touche plus que de minimes taxes à la bouteille, mais le nombre d'emplois serait plus important en cas de pleine exploitation.

Un terrain disponible

Il faut bien cependant que la municipalité essaie de préparer l'avenir. Elle s'y emploie en "démarchant" les industriels par l'intermédiaire de la Chambre du commerce et d'industrie, de la Société d'équipement du Bourbonnais et du Comité d'expansion économique. Un terrain a été acheté et il est mis à la disposition (avec un certain nombre d'avantages) du promoteur qui voudra s'implanter à Laprugne.

"Ce qui complique un peu les choses, nous a dit M. Martin, c'est que nous pouvons offrir d'incomparables infrastructures, mais presque pas de main-d'œuvre: lorsque les mines seront fermées, le personnel s'en ira sur d'autres exploitations du commissariat à l'énergie atomique."

Depuis plusieurs années, le CEA pratique une politique d'allègement des effectifs, avec prime de départ. Ce qui fait que la population de Laprugne est passée de 1425 habitants à 1200, qu'il n'y a plus que sept classes au lieu de dix au groupe scolaire.

SILHOUETTES LOCALES
M. Daniel Bony, l'actif lieutenant des pompiers M.Bresson, adjoint au maire et dépositaire de notre journal M l'abbé Chomiène, curé de la paroisse M. Cognet, secrétaire de mairie M. Lucien Lassalle montre la coupe remportée lors des grands jeux
M. Moussé, ancien conseiller général et ancien maire Mme Oblette, correspondante de notre journal Mme Paput, propriétaire du supermarché M. Picarle, boulanger M. Jean Spirkel, ancien garde-forestier à la Loge des Gardes

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