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*Souvenirs d'enfance de Bernard Mercier |
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De
cette période plutôt trouble de 39/45, j’ai conservé quelques
souvenirs assez précis qui m’ont profondément marqué et entre
lesquels j’ai réussi à établir quelques liens à force de réfléchir. |
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A
Laprugne, un groupe de résistants :
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alors
que femmes et enfants (j’étais d’ailleurs le seul, pour cause d’éloignement
du bourg) devisaient à la cuisine. Ce
groupe était en relation avec le réseau des Monts de la Madeleine basé
au gué de la Chaux. Très
souvent, le soir, après la tombée de la nuit, un groupe de maquisards
faisait irruption chez nous à Râtignet, pour avoir du carburant, car
l’essence était fournie au « compte-gouttes » et du fait de
son travail, mon père avait droit à des bons d’essence supplémentaires.
Souvent, ces irruptions étaient brutales et traumatisantes, quand les
gars se présentaient arme au poing et utilisaient la crosse du fusil pour
frapper à la porte. Mon
père rapportait armes, munitions et ravitaillement, le tout camouflé
sous la banquette arrière du car sur laquelle je voyageais quand je
revenais de Vichy avec lui et j’avais pour mission de ne pas bouger si
des allemands montaient dans le car à Cusset ou au Mayet pour « contrôler »
(j’ignorais, bien sûr, sur quoi j’étais assis et je ne l’ai appris
que plus tard). Ensuite,
tout a continué pour mon père qui assurait le service voyageurs
Laprugne-Vichy et Laprugne-Roanne avec sa voiture, une Citroën B et une
remorque bâchée, et ce jusqu’à la Libération. Je
me rappelle aussi que mon père rapportait, chaque fois qu’il le
pouvait, des boussoles qui étaient cachées dans les colis de
ravitaillement destinés aux prisonniers en Allemagne, mais si les
boussoles partaient, le ravitaillement, lui, était souvent censuré par
certains bienfaiteurs de l’humanité dont je crois avoir oublié le nom !…. A
la Libération, mon père a eu le choix :
Il
a choisi la 1ère solution, celle de s’endetter pour remettre
son véhicule en état de marche. Je ne sais rien des actions engagées par les 2 réseaux, ces actions étant tenues secrètes. Beaucoup de résistants ont été tués au Gué de La Chaux, suite à de violents combats- ferme incendiée, habitants exécutés ou déportés. Comme
dans toutes les communes de France ou presque, l’ambiance de Laprugne était
lourde de suspicion ; il y avait des résistants, j’ai entendu
parler de collabos ou au
moins sympathisants avec l’ennemi, de dénonciateurs, de profiteurs,
d’indifférents. Une grande partie de la population, dans l’attente de
dénouement ne s’était pas encore définie. |
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Certains habitants de Laprugne s'engagèrent dans la Résistance et y laissèrent la vie: Fernand
Lafaye (1887-1944) aprrès avoir fait ses études primaires à
Laprugne jusqu'au certificat d'études, y revint enseigner durant 11 ans
(de 1909 à 1920) Le
père et la fille rejoignirent le maquis et participèrent aux combats du
Mont Mouchet en 1944. lire par ailleurs le petit livre d'Henri Foussard: Témoignages, la vie et la mort héroïque de…. Aux éditions Portes du Large |
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Fernand
Lafaye et sa fille reçurent chacun la Légion d'Honneur à titre
posthume. Plusieurs
municipalités commémorent leur souvenir en leur ayant dédié des noms
de rues (à Cusset, Riom, Lyon), d'école (à Vichy) ou des plaques
commémoratives (Clermont-Ferrand) Fernand
Lafaye a passé toute sa scolarité primaire à Laprugne, où il est
revenu enseigner, comme son père. Sa
fille Marinette, est né à Laprugne et y a passé sa petite enfance. Rien
ne signale, pourtant, dans notre commune, la vie de ces deux héros de la
Résistance. Un
jour peut-être? |
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