Les moulins sur la Besbre

La Besbre traverse la commune de Laprugne sur une distance de 7 km, de la Loure au sud jusqu’avant le pont de Presle, au nord. Durant ce court trajet, la Besbre et ses affluents alimentaient il y a un siècle, pas moins de 9 moulins, une scierie et une turbine hydroélectrique.
Laissons la parole à l’abbé Canard qui, dans son ouvrage : « 500 moulins entre Besbre et Loire », paru en 1979 , a recensé ces bâtiments aujourd’hui disparus ou démantelés.

Bien vite, la Besbre, qui prend délibérément la direction du nord, va une fois de plus, l’espace de 2 km et demi, servir de limite naturelle administrative entre les départements d'Allier et Loire, avant de devenir totalement bourbonnaise.

Vers 650 m d’altitude, à mi chemin des hameaux Le Fraty (sur Laprugne) et Goutetot, anciennement Quithitaud (sur St-Priest) était le « Moulin du Lièvre » petit moulin d'une seule paire de meules qui fut créé, au siècle dernier, par Baraud, dit "Le Lièvre", originaire du Fraty et  fermier à Goutetot. Il marchait en 1893, mais était arrêté en 1900. Il n’en reste pas autre chose que le béal utilisé pour l’irrigation  des prairies.


Avant d'arriver à la latitude du bourg de La Prugne, notre rivière se grossit à gauche comme à droite, de plusieurs ruisselets. L'un d'eux «  La Burnolle » du nom d’un hameau qu’il côtoie en descendant des Pierres du Jour, sur le flanc occidental du massif de l'Assise, actionnait le « moulin Charrier » à cinq cents mètres à l'est des anciennes mines de cuivre.

Pour agrandir la carte, appuyez sur le bouton      

La roue hydraulique en bois (aujourd’hui détruite) entraînait une paire de meules en silex et une paire de cylindres, lorsqu'il fut arrêté en 1963 par Antonius Laurent. Le bâtiment a été depuis vidé de son matériel.

 À côté du pont sur lequel passe la route qui relie Laprugne à la Loge des Gardes, à 600 m d’altitude,  de grands  bâtiments ont abrité, rive droite de la Besbre, le « moulin Gitenay » Ils furent successivement la propriété de Débartot, Policon, et maintenant celle des héritiers de l'ancien notaire de Châtel Montagne, Brissay. 
Il y eut là, en même temps, huilerie, carderie et moulin à farine  arrêtés après  la Grande Guerre. Deux roues hydrauliques à augets se répartissaient l’énergie reçue pour la transmettre à deux paires de meules en silex à blé et à une paire de meules en granit à amandes. La plus petite de ces dernières gît dans la cour.

Après le confluent du ruisseau Bonne-Fontaine qui reçoit le trop-plein de la source Charrier, un bief de la rive gauche alimentait au lieu-dit "La Goutte" une turbine (d'abord de 90 CV. puis de 50 CV.) actionnant les installations d'une usine hydroélectrique qui fournissait force et lumière aussi bien aux bâtiments de surface qu'aux galeries des mines de Charrier.

Elle a marché depuis le début du siècle jusqu'à ce qu’ une compagnie d'Auvergne vint prendre la relève, bien avant la fermeture des mines. Le matériel fut récupéré en 1950 et transporté dans le moulin de Saint-Clément-la-Montagne. Subsiste le bâtiment.

Presqu'en face, un canal de dérivation branché sur la rive droite amenait de l'eau sur la roue d'un petit moulin d'une seule paire de meules, arrêté il y a environ un siècle. Il appartenait aux habitants du hameau voisin La Côte et portait le curieux nom "La France". Son emplacement comblé par l'élargissement de la route n'est plus visible.

Peu après nous rencontrons le confluent du Clamouze formé de plusieurs ruisselets nés dans la montagne de La Madeleine, dont un "La Font Clamouze" est cité dans le partage de la forêt de l'Assise, le 16 juillet 1757. Sur ses rives, la carte de Cassini a mentionné, côte à côte, à Golliard (alt. : 700 m) deux installations hydrauliques. Effectivement, il y eut en cet endroit deux moulins indépendants. Le premier bénéficiait d'une dénivellation de onze mètres au-dessous de sa réserve d'eau. Il fut détruit par un incendie en 1910, alors qu'était meunier Antoine Chambonnière. A son emplacement fut élevée une maison d'habitation, avec au rez-de-chaussée non plus un moulin à blé mais une huilerie qu'ont utilisée les voisins de 1910 à 1955. Dans le même temps l'énergie hydraulique de la roue à augets en bois entraînait une dynamo fournissant l'éclairage électrique. Ne restent que les deux meules de l'huilerie, propriété de M. Robert Seignol.

La scierie voisine est branchée sur la force de l'E.D.F.

Cinquante mètres plus bas, une deuxième digue retenait l'eau échappée du moulin à céréales, permettant de mettre en mouvement une autre roue et un second moulin à farine de moindre importance, arrêté vers 1870.

Tout de suite après l'embouchure du Clamouze, nous atteignons, rive gauche de la Besbre le "moulin Côte". Après 1918, Claude Blettery  cessé de le faire tourner pour la clientèle, mais a continué de l'utiliser pour son compte personnel jusqu'à la déclaration de la deuxième guerre mondiale. Tout le matériel et du moulin et de l'huilerie est conservé.

Au dehors la grande roue en bois achève de se dégrader. Mais à côté, une plus petite roue de fer à augets est occasionnellement utilisée pour animer un ensemble de petit matériel mécanique.

Un kilomètre plus loin, grossie des Gouttes Georges et des Brosses qui passent de part et d'autre du hameau Vernin, la Besbre faisait tourner au XVIIIème siècle (C.C.) le "moulin Vernin" qui était en fin de carrière une copropriété des frères Fradin. Ce petit moulin d'une seule paire de meules, arrêté avant la Grande Guerre, a fini de sombrer dans un incendie, il y a un demi-siècle.

   Encore un kilomètre : la Besbre reçoit du même côté gauche, la Goutte Ribon, qui coulant au fond de gorges profondes, actionnait au siècle dernier, à l'Est du hameau Laurent, un moulin du même nom situe en bordure de l'ancien chemin de La Presle à La Prugne. Il n'en reste qu’un tas de pierres. La mémoire des vivants a conservé le souvenir de son existence passée, mais personne ne l'a connu en activité.

Peu avant son embouchure (alt. : 548 m.) la Goutte Ribon a fait marcher aussi, de 1845 à 1918, la scierie dite de Presle. Il en reste le bief, l'écluse, quelques jetées de terre et des murs de soutènement.

ACCUEIL                                                 TEXTES HISTORIQUES