Le dessous des cartes

La face cachée d'une carte postale peut être riche d'indications, ainsi que l'attestent ces 3 courriers envoyés durant la Grande Guerre. L'orthographe, parfois phonétique, prête, bien sûr, à sourire, mais n'oublions pas qu'à l'époque, l'école n'était obligatoire que depuis trente ans.

Mon cher René,

Tu nous excuseras si nous ne t'avons pas écrit plus tôt, c'est que le papa était malade, mais maintenant ça va mieux. Nous te souhaitons une bonne année et une bonne santé.

Tu nous diras si tu penses toujours à la Tonia, nous pensons toujours à toi. Viens nous voir quand tu pourras tu nous feras plaisir tu nous écriras et je te ferai une longue lettre. Au revoir pour aujourd'hui.                       Albert Laurent

 

Mon cher René,   

Je réponds à ta lettre qui nous a fait un grand plaisir de recevoir de tes nouvelles. Tu nous demandes des nouvelles de Baptiste mais pour le moment il est en permission chez nous. 

Voilà quinze jours que Alphonse est parti.  Mon cher René, tu dis que tu viens pour la Saint-Jean. Nous sommes bien contents mais j'espère que tu apporteras la musique pour nous faire danser. Tu regarderas la vue de Laprugne que je t'envoie. Toute notre maison te donne bien le bonjour. Je finis ma lettre en t'embrassant bien fort.                                  Albert Laurent

 

Laprugne, le 27 février 1916,

Chère Marguerite, c'est avec plaisir que j'ai reçu ta carte et vu que tu avais fait un bon voyage. J'ai fait un bon voyage moi aussi, je suis rentrée mercredi soir, nous avons été voir nos parents en Auvergne avec Gilbert.

Il est parti de Vichy mercredi matin.  J'ai reçu une lettre de lui aujourd'hui. Il me dit qu'il a fait bon voyage, mais en arrivant sa compagnie était prête à partir. Il ne sait pas de quel côté, ça l'ennuie bien et moi aussi parce qu'il était dans un bon petit pays chez du bon monde qui avait bien soin de lui, et savoir où on va l'envoyer? Enfin, c'est bien triste de vivre toujours dans l'inquiétude. Quand verrons-nous la fin?

Les enfants vont bien et t'embrassent ainsi que ma mère, bien le bonjour à tes patrons. Je te quitte en t'embrassant bien fort. Ta belle-soeur qui t'aime.                    Julie Mercier

+ (côté photo): Il est tombé beaucoup de neige on n'en avait pas tant vu de cette année.

 

Terminons sur une note plus gaie grâce à ce petit garçon, qui, dans les années 50, envoie de ses nouvelles à ses grands parents et résume parfaitement sa situation de colon.

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