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Par
Julius Flavius (J Bletterie) Extrait
de la Revue Scientifique du Bourbonnais |
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L'abbé Bletterie, curé de Laprugne de 1872 à 1907, a beaucoup exploré et observé la commune. A partir de ces observations sur les mégalithes, il échafaude une théorie sur la religion celte et les sacrifices humains que chacun est libre de croire ou non. Signalons simplement que les pierres du type dolmen ou menhirs ne sont pas l'œuvre des gaulois mais celle de peuples qui vivaient là bien avant que les Celtes ne s'établissent dans notre pays. Remarquons au passage que pour publier ce petit ouvrage, l'abbé a utilisé un pseudonyme qui sent bon le latiniste distingué qu'il était: Julius Flavius, ceci peut-être afin d'éviter des remarques de sa hiérarchie qui n'aurait pas vu d'un bon œil un prêtre décrire les rites de la religion païenne. |
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La grande pierre du Jour ou
du Joû (Jovis) marque le plus haut point de la montagne de la Madeleine
(1165m). Jovis:
nom latin de Jupiter C'est un immense mégalithe qui n'offre, il est vrai, qu'un ou deux bassins formés à sa surface mais qui se rattache évidemment aux pierres marquées ou pierres à bassins qui sont proches des premières. Le nom de Pierres du Joû appartient aux deux groupes, que la légende des sacrifices humains, accomplis là-haut, du temps des premiers chrétiens, a rendus célèbres dans le pays. Continuons à dire que les Pierres du Jour sont un monument celtique. Car il y a, tout près encore, le vieux camp gaulois avec ses 15 ou 20 fossés, tout remplis de pointes de flèches en silex éclatés, il y a le vaste plateau de Tombérinos (champ des tombes) où l'on trouve mille objets en bronze et en silex. La fontaine des moines ou Sainte Madeleine, à 1 km des pierres du Jour, qui faisait, il y a un demi-siècle encore, la pluie et le beau temps quand les pèlerins venaient porter au Bon Dieu leurs doléances, était certainement, jadis, une source sacrée qui jouissait, aux temps celtiques, du même privilège…. Elle devait être consacrée à Linn, la fée ou le génie des nuages (des "niales" comme on dit dans la montagne.) Le
four du bois Greffier (de
Griffeyo) n'est pas loin et que ce fut un four de verriers ou de fondeurs
de plomb (selon M Noëlas), il n'en a pas moins appartenu à des peuples
qui se servaient de silex, puisque nous avons trouvé sur ses ruines de
beaux nucleus et beaucoup de silex éclatés. La
Pierre de la Selette, avec
ses grands bassins existe encore à 500 m du prieuré. Nous sommes donc à
Tomberinos, au pied des Pierres du Jour, en plein pays celtique. De la
chapelle de la Madeleine ou du prieuré partait une voie pavée passant à
Saint-Nicolas, à la Verrerie et allant peut-être à Arfeuilles au Rê
Murceint (Murus-cinctus ou sanctus). La Pierre Croisée est à quelques centaines de mètres: il y a là peut-être un cromlech, d'après le docteur Noëlas. cromlech (du breton chrome rond, et llech «pierre): Monument mégalithique formé de menhirs disposés en cercle ou en demi-cercle. |
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Nous sommes au Jean-Jacques ou à Bellefont: là nous trouvons: - un beau mégalithe à bassins qui, plus heureux que sa sœur, une jolie pierre branlante, a échappé, par miracle, au marteau des impitoyables tailleurs de pierre - c'est au bois de la Halle (ou de l'Aile) que nous sommes tout près du Jean-Jacques. Là s'élève un mégalithe à plusieurs bassins fort remarquable et par sa position et par les détails curieux de travail que nous y avons observés: il s'agit d'une boucle ou anse pratiquée dans le rocher et orientée à l'Ouest. |
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Avant de quitter les rochers de la Halle et son Rê (colline) nous ne pouvons résister au plaisir de dire que nous avons là un des plus merveilleux panoramas que puissent nous offrir nos montagnes…. A l'Ouest, sur la rive gauche de la Besbre, la vue embrasse d'abord, au premier plan, toute la chaîne des Bois Bizin, depuis les Agos de Laprugne, les rocs Palliers, célèbres par leurs vieilles enceintes ruinées, jusqu'au sommet du Château Charnette et du Fort Breliou ou du Grand Jeu (Jovis) où il y a des pierres à bassins. A
l'arrière plan, vers le sud-ouest, voyez le sommet dénudé du Montoncel,
les rochers du Jô et le Rê de Sol qui s'élance fièrement avec sa crête
de roches pointues par derrière la montagne de Bonaventure. Le castrum des Paliers ou Font-Belle et des Agos est séparé par la vallée de la Besbre de celui de la Madeleine ou de Tomberinos. Appartenait-il à une tribu différente de celle qui a laissé tant de vestiges de son passage, là-haut, dans les plaines de Tomberinos? Nous penchons vers l'affirmative. En tout cas, signalons rapidement les objets celtiques que l'on rencontre sur la montagne qui domine le bourg de Laprugne et le Rê (la colline) de Ratignet (qui fait partie de l'agglomération de Vicus Prunhiensis). A Ratignet, on trouve de nombreux objets des époques de la pierre polie et de la pierre éclatée. Certains villages de Laprugne possèdent la désinence celtique AND: Cherbland, Barbeland. Tous les grands rochers s'y appellent les Chers, les Kairs. Il y a même, à côté des murs Font-Belle, une grande pierre qui vire (elle était peut-être branlante autrefois?), il y a la Font de la Reine (la fontaine de la Fée). Il y a une enceinte près de la Font-Belle où l'on trouve en abondance les silex et les poteries antiques. Il y a aussi, autour des rocs Paliers et des Agos, des traces d'habitations antiques où nous avons recueilli des débris de poterie. N'oublions pas de mentionner 2 souterrains refuges à Terrenoire et à Charrier: de belles hachettes en serpentine y ont été trouvées. |
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